L’ascension d’un volcan actif représente l’une des expériences les plus fascinantes qu’un alpiniste puisse vivre. Cette aventure unique combine l’exaltation de l’alpinisme traditionnel avec le frisson de côtoyer l’une des forces les plus primitives de notre planète. Les fumerolles s’échappant des cratères, les coulées de lave incandescente et le grondement sourd des entrailles de la Terre créent une atmosphère aussi mystérieuse que dangereuse. Cette activité, loin d’être une simple randonnée en montagne, nécessite une préparation méticuleuse, une connaissance approfondie des phénomènes volcaniques et une maîtrise technique spécifique. Les volcans actifs, véritables fenêtres sur le cœur bouillonnant de notre planète, exigent des aventuriers un respect absolu de leurs règles.
Les risques majeurs d’une ascension volcanique
L’ascension d’un volcan actif représente une aventure fascinante, mais les dangers qui l’accompagnent méritent toute notre attention. L’expérience acquise sur des sommets comme le Cotopaxi nous rappelle que ces géants ne pardonnent pas l’imprudence.
- Altitude et physiologie : Entre 5000 et 6000 mètres, l’oxygène se raréfie drastiquement. Le mal aigu des montagnes guette les grimpeurs, provoquant céphalées, nausées et, dans les cas graves, œdèmes potentiellement mortels.
- Menaces géologiques : Les fumerolles libèrent du dioxyde de soufre particulièrement toxique. Les crevasses, parfois masquées par la neige fraîche, constituent des pièges redoutables pour les alpinistes.
- Climat hostile : Les variations brutales de météo transforment une simple ascension en véritable défi de survie. Les températures, oscillant souvent sous -15°C, conjuguées aux vents violents, créent un facteur de refroidissement éolien considérable.
- Épuisement corporel : La déshydratation s’installe sournoisement en altitude, tandis que les UV, intensifiés par la réverbération sur la neige, agressent la peau et les yeux sans relâche.
Équipement technique indispensable pour l’ascension
L’approche d’un volcan actif nécessite un arsenal technique spécifique, à commencer par le matériel d’alpinisme classique. Les crampons à 12 pointes et le piolet technique permettent une progression sécurisée sur les sections glacées, tandis que le harnais d’escalade assure les passages techniques en cordée.
Protection individuelle face aux éléments
La panoplie de protection corporelle constitue une barrière vitale contre les conditions extrêmes. Le masque à gaz avec filtres adaptés aux émanations sulfureuses s’accompagne d’un casque homologué UIAA. Les lunettes de glacier, dotées de protections latérales et d’un indice 4, préviennent l’ophtalmie des neiges. Le système vestimentaire multicouches, avec sa base en mérinos, sa couche intermédiaire en polaire et sa protection externe Gore-Tex, régule efficacement la température corporelle.
Équipement de survie et orientation
Un GPS altimétrique, couplé à une radio VHF, garantit une navigation précise et une communication permanente avec le camp de base. La trousse de premiers secours altitude renferme les indispensables : acétazolamide contre le mal aigu des montagnes, pansements spéciaux grands froids et couverture de survie multifonction.
Planification optimale de l’ascension
L’organisation d’une ascension volcanique ne s’improvise pas. Les périodes estivales (juin-août) et hivernales (décembre-février) offrent des fenêtres météorologiques plus clémentes, avec des vents modérés et une meilleure visibilité. Ces conditions, typiques du Cotopaxi par exemple, facilitent grandement la progression en haute altitude.
- Programmer une acclimatation progressive sur 3 à 4 jours minimum, en réalisant des ascensions intermédiaires à 3 000 puis 4 000 mètres
- Contacter un guide certifié UIAGM au moins 2 mois à l’avance pour garantir sa disponibilité
- Réserver le refuge d’altitude pour la nuit précédant l’ascension
- Planifier un départ nocturne entre 23h et 1h du matin pour profiter de la stabilité du manteau neigeux
- Obtenir les permis d’ascension auprès des autorités locales
Le timing s’avère déterminant : une arrivée au sommet aux premières lueurs de l’aube maximise les chances de bénéficier d’une vue dégagée avant la formation des nuages convectifs. Cette fenêtre optimale nécessite de calculer précisément son rythme de progression en fonction du dénivelé.
Techniques de progression en terrain volcanique
La progression sur un volcan actif exige une maîtrise technique pointue, adaptée aux multiples terrains rencontrés. Sur la neige et la glace, la technique du piolet-rampe s’avère précieuse, particulièrement sur les pentes raides du Cotopaxi où le crampon plat assure une adhérence optimale. La progression suit un rythme dit « respiré » : trois pas, une inspiration profonde, permettant une acclimatation progressive à l’altitude.
Maîtrise des techniques d’encordement
L’encordement en terrain volcanique suit des règles spécifiques. Une distance de 5 mètres entre chaque membre s’impose, permettant une réaction rapide en cas de chute. La technique du nœud de Prusik, positionnée sur la corde principale, offre une auto-assurance indispensable lors des traversées exposées, notamment sur les arêtes sommitales du Piton de la Fournaise.
Navigation en zones actives
Face aux fumerolles, la progression s’effectue perpendiculairement au vent, en maintenant une distance de sécurité de 20 mètres minimum. Le masque à gaz reste accessible dans le sac, prêt à l’emploi. Les zones d’émanations sulfureuses nécessitent des traversées rapides, en apnée contrôlée, suivant un protocole strict : inspiration profonde, passage dynamique, expiration une fois la zone dépassée.
Protocoles de sécurité et communication
Les systèmes de communication constituent la colonne vertébrale de toute ascension volcanique sécurisée. Une radio VHF bi-bande, disposant des fréquences de secours locales préenregistrées, accompagne systématiquement chaque cordée. Le guide de tête maintient un contact permanent avec le refuge de base via des points de communication réguliers, espacés de 30 minutes.
Sur le Piton de la Fournaise par exemple, les guides professionnels utilisent un système de balises géolocalisées pour tracer leur progression, couplé à une surveillance constante des bulletins de l’observatoire volcanologique local.
- Mémoriser le numéro des secours en montagne et vérifier la couverture réseau
- Descendre immédiatement en cas de céphalées ou nausées persistantes
- Établir un protocole de communication codé avec le guide (sifflets, gestes)
- Programmer des points de ralliement fixes en cas de séparation
- Effectuer des micro-pauses toutes les 45 minutes pour prévenir l’épuisement